Art et Culture
Théâtre : Nak-Nak de Sidiki Yougbaré : Les carnets parlés d’une fille de joie
Publié le jeudi 7 novembre 2013 | L’Observateur Paalga
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Dans une maison baignée par la douce lumière des paravents, une femme en ensemble corsage et pagne blanc immaculé, hauts talons, cigarette aux lèvres, s’épanche sur sa vie. Pour cette confession publique, elle a convoqué la presse.
Elle se met en scène en réglant les éclairages et transforme ainsi son domicile en un théâtre de confessions. Le spectateur pense qu’elle est une commerçante, ces femmes analphabètes qui, parties de rien, réussissent, à la force du poignet, à se hisser au sommet de la hiérarchie sociale. Aussi interprète-t-il sa rudesse et ses manières désinvoltes comme les résidus de la gaucherie paysanne alliée à la morgue de la nouvelle riche. Ce spectateur met donc le besoin de mettre sa vie en scène et de se confier aux échotiers sur le compte de la mégalomanie ou le désir de partager avec l’opinion publique une révélation d’importance.
Le récit que cette femme débite dessine petit à petit la fresque d’un passé peu rose, celui d’une femme maltraitée par son époux, et sourd de ses paroles la révolte contre le Mâle. A travers le traitement qu’elle inflige à son pauvre majordome, on découvre sa rancœur contre les hommes, contre l’Homme.
Plus les mots sortent, crus, obscènes, plus les digues de la retenue cèdent et plus elle se dévoile. A la fin, tombe complètement le masque, elle se dévêt, les habits immaculés tombent sur le sol comme des peaux mortes d’une mue et surgit un papillon de nuit, en talons aiguilles, moulé dans un pantalon rouge sous un bustier noir qui se dissout dans la nuit. Cette dame est une Putain respectueuse.
Ce texte n’est pas l’apologie de la prostitution mais la photographie d’une réalité. A Ouaga, à la nuit tombée, on a l’impression que chaque lampadaire et chaque arbre abrite une prostituée. Il faut par conséquent admettre sans faux-fuyant que la prostituée est un personnage des cités africaines qui mérite d’entrer dans le théâtre contemporain. Par ailleurs, à côté du personnage du fou, elle est la seconde à pouvoir tenir un discours de vérité sur la société dont elle a dérogé à certaines règles. Aussi, nul besoin de juger cette femme ; si la société a fait d’elle une prostituée, elle a fait du monde un vaste bordel. Et puis, à y réfléchir, est-ce seulement le commerce du corps qui fait la prostituée ? De quel nom appellerait-on qui monnaie sa liberté de penser ou d’agir contre une meilleure situation ?
Eudoxie Gnoula campe avec brio et beaucoup d’énergie cette femme de nuit, exemple de réussite le jour et racoleuse la nuit. La mise en scène est affaiblie par les contraintes matérielles et la logique des festivals qui ont déteint sur le choix artistique. Par exemple, l’immense talent d’Eudoxie Gnoula permettait qu’elle occupât seule la scène dans un mono ; mais pour donner plus de chance à la pièce de voyager, il a fallu convertir le technicien en comédien. A sa décharge, il s’en sort assez bien mais ces va-et-vient entre régie et scène font perdre au spectacle son rythme trépidant.
C’est pourquoi il est légitime de se demander pourquoi les autorités de la culture n’accompagnent pas un tel théâtre qui démontre que nos langues nationales sont capables de générer de grands textes dramatiques.
Plus de cinquante ans après l’accession de notre pays à l’indépendance, un jeune homme, Sidiki Yougbaré, montre la voie de ce que doit être un théâtre véritablement burkinabè. A fil de ses créations, il construit un théâtre contemporain en mooré. En s’emparant de cette langue pour lui faire exsuder un rythme, une couleur et une poésie d’un grand pouvoir dramaturgique, il montre que nos langues peuvent rivaliser avec la langue de Molière et de celle de Shakespeare dans la création théâtrale. Malheureusement, il se bat seul dans l’indifférence quasi générale. C’est peut-être le destin de celui qui ouvre de nouveaux chemins de montrer la lune tandis que les gens regardent son doigt… Mais il faut faire confiance à l’intelligence des Burkinabè pour comprendre que ce théâtre-là est vraiment le leur et qu’il mérite d’être accompagné.
Saïdou Alcény BARRY
13 juin 2013
« Naak naak » : La cause de la cassure
« Naak naak »
La cause de la cassure
La cause de la cassure
Prévue pour se tenir du 15 février au 30 juin 2013, la saison théâtrale
du Cartel continue sa belle pluie. C’est ainsi qu’elle a arrosé, une fois
de plus les amoureux de cet art de la scène, avec une nouvelle création.
Intitulée « Naak naak », cette pièce d’environ une (01) heure qui a été présentée dans différents espaces de
Ouagadougou du mercredi 29 mai au dimanche 2 juin 2013 dépeint une situation dramatique d'un couple qui est contraint à la séparation pour des différends liés à des pratiques sexuelles.
Sidiki Yougbaré, le metteur en scène de la pièce
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Jérôme William Bationo
Oser faire du théâtre en mooré
Le théâtre ne connaît pas de frontières, c'est ce que montrent deux artistes du Burkina Faso, Sidiki Yougbaré et Edoxi Lionelle Gnoula. Ils ont présenté en Allemagne une pièce entièrement en langue mooré :« Naak Naak ».
Quand on est artiste, on ne choisit en général pas le chemin le plus facile ou le plus évident. Le Burkinabè Sidiki Yougbaré parle parfaitement français, mais il a préféré écrire des œuvres dans la langue nationale la plus parlée de son pays : le mooré. C'est un homme, mais il a voulu consacrer une pièce à la condition de la femme dans la société. Cette pièce, c'est « Naak Naak », que le jeune auteur et comédien est venu présenter en Allemagne, lors du festival de théâtre africain Africologne.
Elle raconte l'histoire d'une femme qui, ne supportant plus les brimades de son mari, décide de partir pour retrouver sa liberté, quitte à se prostituer. C'est la comédienne Edoxi Lionelle Gnoula qui interprète ce personnage, une femme forte, qui, loin de se voir comme une victime, garde la tête haute et n'a pas la langue dans sa poche.
Après le spectacle « Ziitba » en français et en mooré qu'ils avaient présenté en 2011 lors de la première édition du festival Africologne, cette année Sidiki Yougbaré et Edoxi Lionelle Gnoula sont donc venus présenter en Allemagne une pièce entièrement en mooré. La représentation de « Naak Naak » au Theater im Bauturm, à Cologne, a été un franc succès et les deux artistes espèrent faire voyager le spectable dans de nombreux pays à travers le monde.
Elle raconte l'histoire d'une femme qui, ne supportant plus les brimades de son mari, décide de partir pour retrouver sa liberté, quitte à se prostituer. C'est la comédienne Edoxi Lionelle Gnoula qui interprète ce personnage, une femme forte, qui, loin de se voir comme une victime, garde la tête haute et n'a pas la langue dans sa poche.
Après le spectacle « Ziitba » en français et en mooré qu'ils avaient présenté en 2011 lors de la première édition du festival Africologne, cette année Sidiki Yougbaré et Edoxi Lionelle Gnoula sont donc venus présenter en Allemagne une pièce entièrement en mooré. La représentation de « Naak Naak » au Theater im Bauturm, à Cologne, a été un franc succès et les deux artistes espèrent faire voyager le spectable dans de nombreux pays à travers le monde.
- Date 01.10.2013
- Durée 12:30 mn.
- Auteur Gensbittel, Aude
- Tous les audios Archives Forum des cultures
- Mots-clés Naak Naak, théâtre, Burkina Faso, mooré, Sidiki Yougbaré, Edoxi Lionelle Gnoula, Africologne.
CITO: « Une hyène à jeun » de Massa Makan Diabaté, en spectacle jusqu’en Juin.
Le Carrefour international du théatre de Ouagadougou a organisé le
spectacle inaugurale de sa 46e création majeure, « Une hyène à jeun » de
Massa Makan Diabaté, le jeudi 9 mai 2019 à Ouagadougou.
S’inscrivant dans la dynamique de la senbilisation, le Carrefour international du théatre de Ouagadougou (CITO), est résolument engagé à promouvoir le théatre au Burkina Faso. C’est à cet effet qu’il a initié la 46e oeuvre majeure « Une hyène à jeun » , un roman de l’écrivain malien Massa Makan Diabaté. La
cérémonie inaugurale du spectacle a eu lieu, dans la soirée du jeudi 9 mai 2019 à Ouagadougou. En effet, dans une mise en scène de Sidiki Yougbaré qui met en valeur les actions théâtrales de la gestion du pouvoir, nous font revivre l’histoire du légendaire Samory Touré, roi du Wassoulou. Entre ombres et lumières qui font le décor, la scène de la pièce débute avec la signature du traité de paix en mars 1886, qui cède ainsi la rive gauche du fleuve Niger aux français. Sur cet accord, Nana Mahamady qui incarne sur le plateau, le légendaire roi de
Wassoulou, Samory Touré, est torturé par de multiples doutes. Par la suite, la scène sous l’ingéniosité de l’ingénieur de son, Vérédique Ouédraogo suivie de
ses assistants, nous a fait découvrir que ce dernier (Samory) est de plus en plus
reproché par ses proches et par son armée. Le roi du Wassoulou se retrouve épuisé du pouvoir qui est fait de manigances et de compromissions qui lui pèsent à présent, ont joué les comédiens sur l’éclairage du technicien de lumière Toudéba Bobellé et ses 3 assistants Amado Sawadogo, Albertine Koama et Fahissale Nana. Dans la peau de Samory, l’acteur principal, Nana Mahamady doit choisir entre ses deux fils préférés celui qui se rendra en France selon les
exigences du Traité. Les 11 comédiens habillés par la costumière, Adjara Samandoulgou ont dévoilé que la décision qui revient à désigner son successeur à la tête de l’empire du Wassoulou est Diaoulé Karamoko. C’est ainsi que le décor planté avec la technicité du scénographe Issa Ouédraogo, va montrer que la mission délicate du fils choisi est de « percer le secret des Blancs ». Pourtant, le fils Diaoulé Karamoko, joué par l’acteur Vincent Bazié, revient à la fois fasciné et terrifié par la puissance militaire de l’ennemi. À la fin de la scène, le père est seul, face à l’armée, devant son peuple engagé dans la guerre depuis quinze ans. Pour ce faire, le metteur en scène, Sidiki Yougbaré a indiqué que cette présentation théâtrale de l’écrivain malien, traite du pouvoir politique et la décision dans sa gestion. « Samory est face à la décision de faire respecter l’autorité face au desiderata de son fils.
Au lieu de suivre son fils dans sa
déclaration, il a décidé de suivre le pouvoir bien que celui-ci soit resté fidèle à ce qu’il a vu au cours de son séjour en France », a expliqué M. Yougbaré.
Chose que confirme, l’administrateur du CITO, Martin Zongo qui a confié que le texte amène à réfléchir surtout dans une période que traverse notre pays. M. Yougbaré a souligné que la pièce questionne le pouvoir. L’administrateur a précisé que pour mieux comprendre la pièce théâtrale, il faudra le suivre maintes fois, car elle est difficile à déceler le message qui y est véhiculé. Enfin, le spectacle est prévu du 10 mai au 08 juin 2019 au CITO. Il est sera diffusé 4 fois par semaine, les jours suivants mercredi, jeudi, vendredi et samedi à 20 h 00.
1. Le metteur en scène, Sidiki Yougbaré a expliqué que la pièce montre que
la décision dans le pouvoir ne doit pas être une décision personnelle plutôt
celle de l’ensemble du pays.
Achille ZIGANI (Collaborateur)
Parfait Fabrice SAWADOGO
fabino.prod@yahoo.fr
”Douni, la nature cri”, un spectacle sur le réchauffement climatique et l’immigration
“Douni, la nature cri” est une pièce de théâtre qui tire la sonnette d’alarme sur les changements climatiques et la migration. Le spectacle était à l’affiche au Théâtre “Soleil” de Ouagadougou du 15 au 17 novembre 2019.
Présentée par le Collectif de Recherche Artistique et Citoyenne (CRAC International) , “Douni, la nature cri” est le fruit d’une collaboration entre la Belge Marie Vaiana et Sidiki Yougbaré du Burkina Faso.
Le CRAC International dont l’objectif est de proposer au public des pièces de théâtre engagées, citoyennes et sensibilisatrices n’a pas déroger à la règle. En effet, ”Douni, la nature cri” aborde plusieurs thématiques dont notamment le réchauffement climatique et l’immigration. Aussi, avec acuité, la pièce met-elle à nu les effets corollaires que sont la pollution, l’écologie, la déforestation, la dégradation des sols … etc. Ce spectacle souhaite également conscientiser le spectateur sur les actions qu’ils mènent au quotidien et qui ne sont pas toutes sans risques majeurs pour l’environnement.
C’est une pièce qui, au-delà du comique se veut également une œuvre encyclopédique au regard des efforts et des témoignages recueillis pour faciliter son écriture.
Marie Vaiana, metteur en scène et co-auteur de la pièce nous en parle. “On a rencontré toute une série de personnes qui travaillent dans l’écologie et qui nous ont donné leurs témoignages à partir desquels on a écrit cette pièce. On a voulu vraiment défendre et explorer ces questions qui nous semblent vraiment cruciales et qui nous concernent tous, d’où qu’on vienne. On traite aussi de la question d’injustice climatique, de la migration, de toutes ces questions qui nous préoccupent et qui nous touchent. Nous essayons à notre petite échelle de sensibiliser les gens autour de ces questions afin de voir ensemble quel avenir on veut laisser pour les générations futures et pour nous-mêmes car les choses se précipitent et les actions ne sont pas posées.
De l’avis de Hypollite Kanga, un des interprètes, la sensibilisation doit commencer déjà par nous-mêmes. ” nous souhaitons faire comprendre aux gens que la nature crie, un peu comme le Burkina Faso crie au djihadisme. La sensibilisation commence déjà par soi-même et nous avons souhaité faire le pas et le montrer aux autres et du coup, on trouve le courage et la manière de l’expliquer aux gens”
“C’est un cri de cœur pour appuyer tout ce qui se dit et qui se fait. Nous apportons ainsi notre pierre à ces questions climatiques pour que toute la population mondiale puisse changer de comportement et sauver la planète”, a souhaité Franc DAKPO, .
” J’aimerais que le spectateur retienne qu’il faut qu’on change de modèle économique, de manière de vivre et de manière de consommer”, martèle la comédienne Gaelle Gourvennec.
On retrouve dans cette pièce écrite en français puis traduite en mooré, des comédiens assez connus des planches tels que Sidiki Yougbaré et Hypolite Kanga du Burkina, Franck Dakpo du Bénin et Gaelle Gourvennec de la France.
En rappel, cette pièce a été créé dans le cadre du projet “Climat et Migration” grâce au soutien de Wallonie Bruxelles International et de la collaboration de 5 compagnies du Burkina, de la Guyanne, de la Belgique et du Bénin. Soutenu également par la Commission Internationale de Théâtre, le Bureau Burkinabé du Droit d’Auteur et le Centre Nampam Béogo, ce projet a pour objectif de sensibiliser la population sur les questions climatiques et migratoires à travers le théâtre.
FATIM BARRO